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Vacances Adaptées : Un agrément pas vraiment adapté

30 Jan

Vacances Adaptées : Un agrément pas vraiment adapté

L’agrément Vacances Adaptées organisées a été introduit par le gouvernement il y a un peu moins de 10 ans dans le but de protéger les personnes handicapées durant leur vacances. L’agrément est obligatoire pour tout les opérateurs de voyage qui souhaitent proposer des séjours avec plus de 3 voyageurs en situation de handicap. Dans l’idée, l’agrément était une mesure de protection supplémentaire afin de contrôler le travail des professionnels du tourisme, l’idée était d’accompagner les professionnels à travers des règles et protocoles visant à protéger les voyageurs dépendants et vulnérables.

Aujourd’hui les agréments sont délivrés par les préfectures et les contrôles sont assurés par les Directions des Affaires Sociales sur les territoires ou sont organisés les séjours Vacances Adaptées. Ceux-ci doivent être déclarés ainsi que de nombreux détails comme l’encadrement, le nombre de participants et les hébergements prévus.

Si l’idée de base était louable, protéger les publics les plus vulnérables, éviter les abus, assurer le confort des voyageurs les plus dépendants, comme souvent dans notre pays, l’administration a commencé à perdre le fils lors de la crise sanitaire de la COVID-19. D’un agrément, nous sommes passés à des directives, la machine administrative s’est vite emballée, publiant des directives émanant des différents ministères, contraignant les opérateurs à réduire le nombre de séjours proposés, puis à se restreindre sur le type d’hébergement proposé.  La crainte d’une épidémie, la crainte de faire prendre des risques à un public fragile a conduit à des règles de plus en plus strictes.

Bilan de ces étés de période COVID, des milliers de personnes en situation de handicap privées de vacances, des familles contraintes de prendre en charge leurs proches à domicile pendant plusieurs semaines fautes de lits et de personnels disponibles dans les établissements. Les opérateurs de vacances adaptées sont une soupape pour le secteur médico-sociale l’été, mais cela personne ne l’avouera. En effet, chaque années, de nombreux établissements médicalisés ou pas, accueillant un public plus ou moins dépendant, public ou privé, imposent les vacances d’été à leur résident afin de permettre à ses mêmes établissement de fonctionner en effectif réduit l’été afin de gérer les congés annuels des salariés. Pour preuve, les grandes associations du handicap sont les premières à avoir créer des agences afin de faire voyager leurs résidents l’été, allant jusqu’à faire partir plusieurs milliers de voyageurs chaque été.

Le drame de 2023

Personne dans le secteur du handicap n’a pu oublier le drame survenu dans l’est de la France ayant entrainer la mort de nombreux voyageurs en situation de handicap alors qu’ils dormaient dans un gîte dans le cadre d’un séjour organisé par une association. Ce terrible accident a complètement chamboulé les pouvoirs publics, après la crise sanitaire c’est le deuxième tour de vis administratif du gouvernement. L’agrément VAO se transforme soudainement en tutelle des agences de voyage, les autorités contrôlent le choix des hébergements, demandent des documents pour chaque établissement sélectionné par les opérateurs, les contrôles se multiplient sur chaque séjour, la pression est mise sur les opérateurs. La France vient de créer un monstre, partant d’une base saine, permettant de proposer des séjours dans un cadre serein pour les voyageurs en situation de handicap, l’état fait désormais de la répression et du contrôle la nouvelle règle, perdant de vue l’objectif initiale de permettre l’autonomie des personnes en situation de handicap en vacances. Résultat, les entreprises et associations se retrouvent sous tutelle, alors même que le métier d’agence de voyage est déjà un métier protégé avec de forte responsabilité dans le cadre de la protection des voyageurs.

Agrément Vacances Adaptées plus vraiment adapté

Une question fondamentale se pose nécessairement, est ce que les operateurs de voyage sont libres de proposer les prestations qu’ils souhaitent, les personnes handicapées sont elle libre de partir ou elles veulent et avec qui elles veulent.  Oui c’est extrême mais il y a une vraie différence entre une personne souffrant d’un handicap psychique ou mental et un voyageur qui se déplace en fauteuil roulant qui a des enfants, travaille, vit seul. Or aujourd’hui, l’agrément VAO s’adresse de la même manière à tout le monde. Alors que le gouvernement vante le Duo-day, magnifie ses athlètes paralympiques, lorsque l’on parle de vacances, ils deviennent soudainement incapable de se nourrir, de vivre seul, de prendre leur médicament, de choisir leur vacances, de respecter la moindre consigne, de vivre tout simplement. Ceux qui contrôlent les séjours aujourd’hui sont déshumanisés comme les documents sur lesquels ils s’appuient, ils controlent et prennent des décisions sans même échanger avec les voyageurs. La ministre Aurore Bergé après l’incendie a déclaré « vouloir remettre de l’ordre chez les opérateurs » ou encore « normées et mieux pensées ce type de séjour », Bravo jusqu’ici nous avons les normes et les contrôles mais rien sur l’esprit.

Qui connait un peu le handicap, saura que le handicap est singulier, car le handicap n’est pas un état, ni un élément binaire, le handicap n’est pas unique. Il est donc impossible de dire qu’une règle s’appliquera à une personne et à l’autre, non, chaque individu est unique car nous ne sommes ni des robots ni des machines, un voyageur myopathe sera différent d’un autre voyageur myopathe, un voyageur trisomique sera différent d’un autre car chaque individu a sa propre éducation et sa propre histoire avec son handicap. Il n’est pas possible de légiférer sur des sujets aussi humain sans entendre la complexité de l’humain.

L’agrément VAO tel qu’il existe aujourd’hui conduira à la fin de cette offre et la fin des vacances pour des milliers de personnes si l’état ne revient pas à son objectif initiale d’inclusion et d’autonomie.

Petite question : Les séjours des délégations paralympiques de Paris 2024 ont-ils été déclarés  pour aout septembre 2024 ? Qui est l’opérateur ?

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